Dernières truites de la saison 2014
Après le relatif succès de ma première sortie d’exploration, je suis sur-motivé pour poursuivre mes investigations avant la fermeture. A en juger par la persistance de l’anticyclone durant la semaine écoulée, le niveau ne devrait pas avoir bougé significativement.
Pour cette nouvelle sortie en solo (toujours armé de ma fidèle Furiozza FRS M), je pars dans l’optique de débuter la journée sur les secteurs du dimanche précédent (en espérant débloquer le compteur et m’enlever rapidement la pression) et consacrer l’après midi à l’exploration de nouvelles zones plus en aval (toujours en passant la carte IGN au crible selon la logique évoquée dans le report précédent).
Je débute donc à l’aval du seuil, la matinée s’annonce ventée et brumeuse. Statu quo au niveau des conditions, l’étiage est toujours là, mais la température de l’eau a encore perdu quelques degrés.
Fréquentation assidue des berges en cette fin de saison…
Après quelques coups de ligne dans la fosse sous la chute, j’enregistre une première secousse et un poisson modeste d’une trentaine de centimètres se retrouve au sec (elle se sauvera avant la photo). C’est peut-être de bon augure !
La fin de la prospection ne donne rien. Sans perdre de temps, je file vers l’île située en aval, théâtre d’un super coup du soir 7 jours avant. La zone est abordée avec la même logique, je débute consciencieusement la prospection en remontant le bras, mais n’enregistre qu’un seul suivi.
Je traverse alors l’île et retrouve le pool salvateur du dimanche précédent. Le niveau a un peu baissé et la tête est encore mieux dessinée ; elle forme une jolie jonction de deux veines marquées. Il suffit d’un passage à ce niveau pour atteler un poisson puissant qui reste un bon moment sur place en plein courant sans bouger. Après un âpre combat, un mâle bécard plein de vigueur se retrouve dans mon épuisette ; il dépasse la barre des 60 cm, j’exulte !
Je retourne sur la tête, vendange lamentablement deux autres poissons corrects, et décide d’explorer de nouveaux territoires. En sortant de l’eau, j’aperçois une silhouette longiligne suivie d’un autre pêcheur wadérisé. Cette allure me dit quelque chose et arrivé près d’eux, j’ai la chance de serrer la main de Patrick Roux, fameux traqueur de grosses truites aux appâts naturels. S’en suivra une discussion passionnée de plus d’une heure sur le secteur et la pêche en général, un régal !
Je continue donc, excité par la perspective de découvrir un vrai spot à grosses truites (assez rassurant de savoir qu’on sévit sur les terres d’une telle pointure). En remontant le talus, je surplombe l’ensemble de la zone. La fin de coup (jusqu’alors non étudiée) est constituée d’une accélération nette ; bien que la pente de la remontée ne soit pas très importante (critère majeur qui conditionne la valeur de ce type de poste), le resserrement forme un entonnoir marqué (d’où l’accélération) et les moutons à la surface traduisent la présente d’un substrat hétérogène, générateur d’amortissement près du fond : ça vaut le coup d’essayer ! Je redescends donc et démarre la prospection en effectuant des lancers lointains suivis de dérives avals canne haute, exactement la gestuelle d’un pêcheur au toc. Première dérive et je prends un beigne monumentale. Quelques lancers plus tard, je me retrouve aux prises avec un joli poisson avoisinant les 50 cm :
Au moment où je la décroche, elle rejette une quantité incroyable de larves, conséquence logique de sa tenue : elle se gavait littéralement en plein milieu de cette veine porteuse.
Quelques lancers de plus pour finir de ratisser la zone et une truite plus modeste vient au sec, suivi d’une autre décrochée :
J’imagine que de nombreux individus de taille moyenne sont attablés et préfère rechercher des poissons plus gros et esseulés (moins enclins à s’éloigner des caches la plupart du temps).
Quelques kilomètres plus bas, je me trouve sur un pont bien connu des locaux : le profil à ce niveau est très uniforme, donc assez peu motivant.
Je décide de remonter la rivière pour trouver une zone à la configuration plus variée, moins chronophage. Quelques centaines de mètres au dessus se dessine un virage serré, le courant principal venant butter sur la berge empierrée où je me situe. La rupture de pente de la tête est marquée, le couple vitesse/profondeur change rapidement, ce qui facilite la localisation des truites juste en aval de la marche, sous le courant de surface violent. La difficulté réside plutôt dans la manière de faire nager son leurre au ras du fond. Les techniques favorites des locaux (cuillère tournante) sont ici totalement inadaptées, au contraire d’un PN dense, plus à même d’atteindre rapidement le bon niveau et pêchant même lorsque la bannière est détendue. Je lance dans les friselis en amont, détends totalement la ligne au niveau de la marche ; dès la reprise de contact, je suis pendu et c’est très lourd ! la truite prend l’aval et débute un combat dantesque. Je me rends compte que le bas de ligne en 0.22 mm est vraiment juste sur ces poissons dans des gros bastons. Les rush sont incontrôlables et me prennent à chaque fois plusieurs dizaines de mètres de tresse, je n’en vois pas la fin. Finalement, c’est un nouveau bécard approchant les 70 cm qui se rend. Un poisson en tout point splendide, magnifiquement proportionné, un pur bijou de la Nature :
Après une telle capture, le cœur n’y est plus vraiment, mais le stakhanovisme halieutique qui m’habite me pousse quand même effectuer quelques lancers supplémentaires, vu l’heure… Quelques minutes plus tard, je ferre un nouveau poisson bien correct (entre 40 et 50 cm) que je perdrai finalement dans un tas de bois immergé, alors que je cherchais désespérément dans mon dos l’épuisette oubliée cinquante mètres en aval, au niveau de ma prise précédente… En d’autres circonstances, j’aurais été furieux, mais en cette fin d’après-midi, je m’estime largement comblé ! J’ai ma dose, go home !
Une journée bénie, vivement 2015 !
A bientôt,
Simon SCODAVOLPE