Crankbait partie 1
Aujourd’hui je vous propose la première partie d’un article que j’ai écrit il y a quelques temps. Il parle du crankbait. J’ai tenté de l’étoffer un peu afin de vous présenter ce leurre et les techniques qui en découlent de manière détaillée.
Crankbait ! Ce nom de leurre résonne dans la tête de nombreux pêcheurs comme le summum de l’américanisme, ancré dans une vision centrée sur la traque exclusive du blackbass. Une hérésie assurément, tant le profil et les fonctions de ce leurre rondouillard offrent d’immenses possibilités dans nos pêches Européennes. L’invention du crankbait est attribuée à James HEDDON, le célèbre fondateur de la firme Américaine. La légende dît que lors d’une de ses sorties de pêche il utilisait un plug en balsa, il venait de s’emmêler et durant la récupération le leurre s’est mis à décrire un wobbling régulier qui a rapidement déclenché l’attaque d’un bass. Il a donc par la suite taillé un plug avec une bavette dans la continuité du leurre et donné naissance au célèbre Lucky13. Il pouvait ainsi pêcher en surface et faire évoluer le leurre sous l’eau en le récupérant simplement au moulinet. La machine était lancée.
Si l’on s’en tient à la définition de cranker, « récupérer à la manivelle », on peut alors attribuer à la famille des crankbaits une multitude de leurres ayant ce wobbling régulier si caractéristique. Certains minnows, top waters, wakebaits ou swimbaits en font parti, mais je ne parlerai ici qu’uniquement du plus connu de tous, le bon vieux crankbait rond (voir triangulaire et plat avec le temps) et trapu. Il semble basique en apparence mais au fil du temps il s’est complexifié tant dans ses propriétés physiques, que dans son utilisation. Les premières utilisations de ce leurre en Europe, ont été faites par les pêcheurs à la traîne et les pionniers du blackbass. Redoutable sur la majorité des espèces de nos eaux intérieures, le crankbait n’est pourtant pas un marché florissant. Étude sous toutes les coutures d’un leurre qui tend à être délaissé. A tort…
Imiter des alevins, des écrevisses, des insectes, n’importe quelle proie mouvante, tel est le but d’un crankbait. Sa physionomie est très singulière. Très ramassé, rond, flottant, avec une bavette s’allongeant à mesure qu’il atteint les profondeurs, capable d’évoluer de la surface jusqu’à sept mètres pour les plus téméraires. Le crankbait est fait de balsa, de plastique et plus récemment de copolymères.
Mais arrêtons nous quelques instants sur cette pièce maîtresse qu’est la bavette. Elle est un élément déterminant dans la conceptualisation et la pratique de la pêche au crankbait. Ce morceau de plastique, ou de métal parfois, adjoint en avant du corps du leurre, est la surface sur laquelle l’eau prend appui lors de la récupération. Cette opposition entraîne alors la mise en action de l’ensemble. La taille et la forme de la bavette déterminent la profondeur d’évolution du leurre ainsi que son action et donc son terrain de prédilection. Le crankbait est classé en trois catégories majeures en fonction de sa profondeur de nage et donc de la taille de sa bavette : SR pour Shallow Runner, MR pour Mid Runner et DR pour Deep Runner.
Il existe une multitude de bavettes, mais deux occupent le devant de la scène et permettent de structurer notre approche
La bavette round, la plus connue, est la plus utilisée en grande taille, pour pêcher en pleine eau et atteindre de grandes profondeurs. L’angle du point de rattachement au leurre est plus prononcé (ou moins, cela dépend de l’endroit ou l’on place notre rapporteur), que sur les bavettes dites square bill, ce qui permet au leurre d’atteindre rapidement sa profondeur de nage. La bavette, au delà de sa fonction principale, sert en quelques sorte de sondeur. Entrant en contact avec le fond et les obstacles, elle renseigne le pêcheur sur ce qui se passe « en dessous », lui offrant alors le loisir de stopper sa récupération afin de laisser remonter le leurre de quelques centimètres et de reprendre une fois l’obstacle franchit (bottom taping). Certains pêcheurs n’hésitent pas à pêcher crankbait comme s’ils pêchaient spinner ou Texas rig. En lançant directement le leurre dans des bois ou des structures très épaisses et en choisissant un leurre à la bavette très allongée. Ils comptent sur l’effet « saute obstacle » pour protéger les hameçons et éviter de s’accrocher.
Même si la bavette ronde s’accommode assez bien des obstacles et en particuliers des cailloux, elle n’en reste pas moins le premier choix pour explorer la pleine eau. En effet, le wobbling imprimé au crankbait par une bavette round est très large et puissant et bénéficie d’un fort pouvoir d’attraction. De plus, ce modèle de bavette revêt un intérêt indéniable lors de la récupération en autorisant une échelle de vitesses très ample. Il laisse la possibilité de s’adapter aux différents contextes. Nous y reviendrons dans les prochaines parties.
Stay tuned ;-)
JC