A la recherche des poissons specimens
Cela faisait quelques temps qu’on essayait de se caler une session « poissons specimens » avec Kevin et nous y sommes enfin arrivés en cette fin de saison. J’avais déjà longuement échangé sur la configuration des spots que je voulais lui faire découvrir et on s’était enfin décidé à bloquer quelques jours de pêche ensemble sur mon bateau.
Quelques jours avant la session, je ne mens pas à Kevin, l’hiver en Hollande est interminable, mes deux dernières venues ont été assez pauvres en résultats, les mises à l’eau étaient encore gelées il y a 15 jours et l’eau de surface est encore en dessous des 4 degrés là où je veux l’emmener… Pratiquement tout le monde galère depuis 2 mois, les locaux en tête, que ce soit les pêcheurs au poisson mort, à la traîne et aux leurres (et donc aussi les « touche à tout »)… Bref Kevin se mange tout de même les 7h00 de route après une courte nuit pour monter en pays batave tout en sachant que ça va être raide et que tous les indicateurs sont au rouge…, mais la passion nous fait vraiment faire des trucs improbables et c’est souvent dans l’improbable que l’on réalise des exploits.
Moi qui ne suis vraiment pas un adepte de “radio pêche”, je prends toutefois pour le coup, la température auprès de Julien qui en revient et qui me confirme que ça sera raide, tant pis le bateau est déjà sur la rampe de lancement. Quelques leurres et cannes, on va y aller au plus simple, de toute façon tout risque de se jouer sur les rares périodes d’activité.
Arrivés sur place, le temps est exécrable… Pluie glaciale à vous engourdir les doigts, vent rendant les dérives délicates et très faible luminosité… Il va falloir se battre mais je sais que j’ai un guerrier à bord et que ça ne lui fait pas peur. Toutefois la pêche s’annonce tellement compliquée qu’il me semble très peu évident de réaliser parallèlement un petit film comme l’année passée, je prendrai donc directement la décision de ne me focaliser que sur la pêche en mettant toutes les chances de notre côté.
Les journées commencent toutes timidement avec une activité très faible, nous faisons tout de même monter plusieurs sandres maillés qui rechignent à prendre franchement nos finesse, je finis tout de même par déclencher quelques poissons corrects sur de faibles animations mais à chaque fois ils se décrochent… Les bateaux autour de nous ne semblent pas faire de miracle, la pression de pêche n’a jamais été aussi forte que cet hiver et il devient de plus en plus difficile de trouver des dérives non pêchées quotidiennement… même dans les immensités hollandaises, il est indéniable que les poissons commencent à s’éduquer.
Nous finissons finalement cette première journée par trouver un plan où les poissons semblent se déclencher sur des leurres à caudale en linéaire, tout va se jouer là dessus, déclencher des poissons apathiques. En cette fin de première journée, nous constatons après la prise de plusieurs sandres et perches maillés que les coloris flashis, chartreux comme orange semblent nettement se détacher du lot malgré une eau cristalline. Je pêche lentement au Pompei Shad #K040 de Swimy tandis que kévin, nouveau pro staff Biwaa, insiste sur un TailGunR chartreux. Les poissons ramassent les leurres sur le fond lors des petites pauses, à chaque fois les leurres sont coffrés, on dirait qu’une des clés de la problématique vient de se dévoiler.
Ce second jour, après une bonne nuit à faire sécher nos affaires, le temps a forci et nous nous raccrochons à la diversité limicole du coin et à quelques cafés bien chauds pour nous réchauffer… La pêche s’est encore plus complexifiée, tant dans les conditions que dans les phases d’activité. Je finis tant bien que mal à rentrer un sandre maillé qui finira par coffrer une nouvelle fois mon Pompei Shad mais aucune solution concrète nous apparaît évidente, il y a des poissons dans toutes les couches d’eau et on a l’impression de capturer quelques rares poissons qui n’ont pas réussi à s’alimenter ces derniers jours.
Les poissons semblent bien en dessous de nous mais très apathiques, le temps passe, nous ramassons cher sous la pluie du vent du nord avant que Kevin n’enchaîne toute une série de jolies perches dans des conditions dantesques dont une qui dépassera de peu la barre fatidique des 50cm, Kevin qui tout comme moi, pêche finalement assez peu la perche tout au long de l’année et a donc assez peu d’opportunités… La toise nous révèle la taille de ce poisson et c’est la joie à bord en toute simplicité, il vient de faire tomber son record perche.
L’anecdote est sympa puisque mon record brochet, je l’ai pris sur le bateau de Kevin, à plus de 900 kilomètres d’où nous sommes il y a un peu plus de 3 ans… Record que je peine à faire tomber depuis… La nature, une petite dose de chance, son mental et son talent m’ont permis de lui renvoyer l’ascenseur. Je suis aux anges pour mon pote !
Le vent forcit tellement et devient tellement changeant que je suis contraint à me consacrer l’espace de quelques heures uniquement dans le contrôle du bateau pour qu’au moins un de nous deux puisse pêcher correctement dans le seul axe permis par le vent. Chose que Kevin réalise avec brio… Même dans les pêches loisir sans pression, des fois le travail d’équipe paie aussi.
A la fin de ce second jour, nous avons déjà clairement réussi notre session au vue des conditions, tomber un « personnal best » était presque inespéré, voilà qui va permettre de prendre des risques pour ce dernier jour en espérant déclencher un gros sandre.
Ce troisième jour, les conditions se sont largement améliorées et nous qui n’avions pas croisé un seul bateau la veille, nous voilà entourés de bateaux en ce matin ensoleillé, les conditions climatiques semblent propices à prendre un gros poisson mais cette pression de pêche constante risque de complexifier grandement nos plans… Jimmy tout comme Grégory choisiront logiquement ce jour précis pour faire leur fermeture hollandaise, avec plus de succès pour l’un que pour l’autre.
La luminosité est enfin là et les brochets sont tout de suite bien plus réceptifs que les jours précédents, nous en prendrons ainsi quelques uns après quelques malheureuses coupes à risque en voulant pêcher fin avec des leurres très libres à la nage très débridée.
La nuit tombe, il est temps d’allumer les éclairages du bateau avant un dernier run vers la mise à l’eau… Nous apercevons qu’une péniche vient de larguer stupidement des cartons dans l’eau en guise de poubelle… Kevin n’hésite pas à me les faire ramasser un par un et nous voilà parti à la mise à l’eau telle un camion allant à la déchetterie, un geste éco-responsable qui caractérise si bien le personnage quand on a la chance de le connaître. J’ai pêché avec pas mal de pêcheurs respectueux et je peux vous affirmer que très peu d’entre eux se serait donné cette peine… Aucune gloire, aucun mérite, aucune médaille sans doute…
J’ai passé un très bon moment en compagnie d’un passionné qui ne s’est jamais plaint à aucun moment des conditions météo, de la bouffe en mode « vite fait », et du manque d’activité… et qui au contraire expliquait les moments sur OFF plutôt que les maudissait. La caractéristique peut être de ceux qui savent et maîtrisent réellement ce qu’ils sont en train de faire et il y a bien peu de pêcheurs capables de vous affirmer qu’ils sont dans le vrai alors que personne ne prend rien. Il est indéniable qu’une nouvelle fois, la qualité des échanges que j’ai eu la chance d’avoir avec un pêcheur de sa dimension, va me faire progresser davantage dans les pêches hivernales.
Nous étions venus faire du spécimen hunting, il s’est avéré que, de part les conditions, l’espèce la plus apte à la pratique de cette pêche était celle de la perche… nous avons donc su nous adapter en conséquence pour au final des statistiques assez démentielles sur seulement deux jours de pêche : 43,44,45,46,47,47,48 et 50.5 cm soit une moyenne à 46,31 cm !
Nous repartons tous les deux de Hollande au petit matin avec dans un coin de nos têtes l’idée de revenir avec une approche différente dans des conditions plus propices, la prochaine fois que nous pêcherons ensemble, ce sera sûrement dans un contexte totalement différent dans l’espoir de faire tomber à nouveau un « personnal best », puisque cela semble être désormais d’usage.
Merci à Kevin de m’avoir autorisé à publier ces quelques photos sur le blog Sakura et je lui souhaite par la même occasion, tous mes vœux de réussite pour les 4 concours qui l’attendent, en partie avec son frère, en 2018 au pays des tulipes face à une grande partie des meilleurs pêcheurs européens.
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So many fish, so little time…