Crankbait partie 2
La bavette square bill quant à elle, est une bavette carrée, plus ou moins fine en fonction des modèles et quasi uniquement de section courte. Le wobbling du leurre est alors plus faible, mais sa capacité à changer de direction en heurtant les obstacles, fait du crankbait square bill un fabuleux atout en eau peu profonde (Bomba crank Sakura).
La forme carrée de la bavette offre une surface de contact imposante faisant se désaxer le leurre à chaque collision avec une structure. Ce type de crankbait est donc réservé aux eaux peu profondes et encombrées.
Rick Clunn, le Docteur « crankeinstein » et ô combien célèbre basser américain, a fait évoluer la bavette square bill en une bavette comportant deux arrêtes supplémentaires, appelée coffin. Pour Clunn, tout est dans la « deflection », la capacité qu’a le leurre à faire rebondir les obstacles sur la surface plane de sa bavette. La bavette coffin s’accommode encore mieux des obstacles et évite encore un peu plus les accros. C’est d’ailleurs un crankbait avec ce type de bavette (RC1) qui permis à Clunn de gagner son quatrième bassmaster classic en mille neuf cent quatre vingt dix.
Si le choix de la bavette et la notion de contact avec l’obstacle sont deux éléments essentiels dans la pêche au crankbait, la vitesse de récupération est la notion qui prédomine. Subtile et très complexe il est déterminant de l’adapter au contexte du moment. C’est-à-dire à la zone présumée de tenue des poissons, leur agressivité, et la température de l’eau.
Par eau froide, lorsque le métabolisme du poisson est ralenti, ou par eau chaude quand le poisson est apathique, il convient de réduire au maximum la vitesse de récupération afin d’inciter le poisson à se déplacer en un minimum d’efforts. La température est vraiment déterminante.
Prenons l’exemple du Bassmaster classic mille neuf cent soixante seize pour illustrer les propos qui vont suivre.
Le futur vainqueur, Rick Clunn, pour ce qui sera la première de ses quatre victoires lors du Classic, accusait un retard de dix livres sur le leader lors du premier jour. Dans la nuit, un front froid traversa le lac Guntersville faisant chuter considérablement la température. Le lendemain, la stratégie de Clunn qui consistait à alterner crankbait en steady retreive et spinnerbait en buzzing s’avéra complètement inefficace. Persuadé que le crankbait était la clé de voûte de la construction de son succès, il insista à cela près qu’il modifia la récupération. Il moulinait lentement son Honey B et à chaque fois qu’il heurtait un obstacle il stoppait la récupération pour laisser son leurre remonter tranquillement. La technique s’avéra payante puisque il ramena plus de trente trois livres sur la balance et pris la tête de l’épreuve.
Un autre exemple, moins illustre que celui de Rick Clunn, mais assez parlant. Il y a quelques années lors de l’ouverture sur un lac Girondin les habituelles techniques saisonnières comme le vibration, le spinner ou le shad ne fonctionnaient pas vraiment. Les poissons semblaient sommeiller. En compagnie de Thomas Parodi (Team Sakura) je me mis à pêcher crankbait. Alors que la journée avait été délicate la situation semblait se débloquer. Je rentrai successivement deux poissons corrects en moulinant lentement et en stoppant lorsque j’entrai en contact d’épaisses touffes d’herbiers. Petit coup de fil à Etienne et Gaël qui pêchaient non loin de là et appel de Mick et Sylvain qui eux aussi cherchaient à prendre la température.
Conclusion, nous avions tous touché des perches et des brochets en pêchant au crankbait dans trois à quatre mètres d’eau en effectuant des pauses au contact des herbiers isolés. Et cela à des endroits du lac bien éloignés les uns des autres. La suite valida notre pattern ce qui nous permis de rentrer quelques poissons supplémentaires.
En France, étonnamment, dans la majorité des cas nous sommes figés dans des vitesses de récupérations assez lentes. Mais quand on voit la vitesse à laquelle un pêcheur comme Kevin Van Dam mouline son crank, on peut se poser des questions sur notre pratique.
Depuis quelques années, l’avènement de la compétition a donné lieu à l’explosion de la pêche au vibration. On le pêche quasiment toujours vite, en le rippant dans les herbiers. Alors pourquoi ne pas effectuer la même chose avec un crankbait en utilisant un ratio adapté ?
A la fin de cette série d’articles, je vous détaillerai le matériel SAKURA adapté à l’ensemble de la pêche au crankbait.
Stay tuned
JC