Pêche de l’Arapaïma au Guyana
Pêcher l’Arapaïma en plein Cœur de l’Amazonie… « Je n’y étais pas préparé… » !
L’appel de la forêt Amazonienne résonnait en moi à nouveau, comme un murmure profond. Je voulais inscrire une nouvelle espèce dans ma quête halieutique, cocher le nom d’un géant sur ma liste : l’Arapaïma.
l’Arapaïma est un poisson mythique, dont l’histoire oscille entre légende et réalité, m’avait déjà fasciné lors d’un séjour à Manaus, où je l’avais découvert, puissant, colossal et majestueux, dans les pourvoiries qui bordent le Rio Négro. Sa masse imposante, sa prestance silencieuse, sa puissance brutale… Il m’avait hanté. Dès lors, l’idée de le pêcher dans son habitat naturel s’imposa à moi comme une évidence.
Longtemps victime d’une pêche excessive pour la qualité de sa chair, l’Arapaïma, ou Pirarucu en brésilien, faillit disparaître, facile proie des filets dans les lagunes aux eaux dormantes. Son déclin brutal força les autorités à agir : l’espèce fut placée sous protection, des élevages virent le jour, et peu à peu, l’équilibre fut restauré. Aujourd’hui encore, bien que sa population se stabilise, ce poisson demeure fragile et sa pêche strictement encadrée.
La pêche de l’Arapaïma reste un privilège réservé à quelques passionnées. Seuls quelques pêcheurs peuvent espérer le capturer à l’état sauvage. Bien sûr, on peut en capturer dans des lacs de pourvoirie au Brésil ou en Thaïlande, mais ce n’était pas ce que je cherchais. Je voulais le pêcher et le traquer dans son milieu naturel, en pleine jungle, et surtout, au leurre. Et pour cela une destination se proposa à moi : le Guyana, et plus précisément, la région de l’Essequibo.
Le Guyana… Ce pays méconnu et hostile, où peu de voyageurs s’aventurent. Là-bas, rien à voir et à visiter. Il n’offre que peu d’attraits touristiques. Pourtant, ce territoire recèle des trésors cachés, dont l’un des plus grands, pour moi, nageait dans ses lagunes. Sous protectorat anglais et malgré le contexte tendu avec le Venezuela, qui revendique le territoire de l’Essequibo riche en pétrole, nous décidons de partir, un petit groupe de passionnés, poussés par le même rêve.
L’Arrivée : Un Voyage Éreintant
Dès mon arrivée à Georgetown, la capitale, une certitude m’envahit : ici, mieux vaut rester vigilant. Malgré le contexte politique du moment, il n’y a pas un mouvement militaire. Pas de visites, pas de distractions. Nous ne nous attardons pas. Notre seul objectif rejoindre la jungle et le camp. Premier imprévu, et non des moindres : pas de vol intérieur. Nous voilà donc embarqués et entasser à treize, dans un van de fortune pour plus de quatorze heures de piste.
Le voyage fut long et pénible. Un trajet interminable, ponctué d’arrêts sur des poste de contrôle.
À mi-chemin, nous fîmes une halte forcée, dormant une poignée d’heures dans des hamacs suspendus en bord de route, bercés par les bruits nocturnes de la forêt. L’aube nous trouva transis, mais impatients. Une barge nous attendait pour traverser le fleuve, puis la route reprit, rythmée par des contrôles de flux migratoires et des haltes nécessaires pour se restaurer.
Enfin, nous arrivâmes au bord du fleuve Essequibo. Des barques nous attendaient pour nous mener jusqu’à APOTERI, notre village étape avant la jungle. Nous chargeons sur les barques, les bagages, les vivres et nous descendons le fleuve. Après quelques heures de navigation, nous touchâmes terre dans un village fantôme, où seule une âme charitable accepta d’ouvrir l’épicerie locale. Rien de bien nourrissant sur les étagères poussiéreuses et presque vides, si ce n’est quelques paquets de chips fatigués.
Le soleil déclinait et rien n’avait été prévu pour la nuit. Sans attendre, l’organisation prit la décision risquée de repartir vers le campement. Cinq heures de navigation dans la nuit, scrutant les rapides et les hauts-fonds à la lueur fragile de nos lampes frontales. À plusieurs reprises, nos embarcations heurtèrent des roches dissimulées sous la surface. Épuisés, nous atteignons enfin le lodge… mais sans nos bagages qui sont restés en chemin.
Exténués nous nous entassons dans les constructions en bois déjà terminés et tentons de récupérer quelques heures de sommeil.
Les premiers jours de pêche : La désillusion
Au matin, nous étions là, sans cannes, sans leurres, sans matériel. Le précieux chargement arriva finalement en milieu de matinée, mais il était trop tard pour rejoindre les lagunes ce jour-là. L’expédition tourne déjà à l’improvisation totale. Nous décidâmes donc de prospecter le Rio Essequibo en périphérie du lodge, où Payaras, Peacocks et Arawanas nous offrirent un beau spectacle, attaquant en surface et en sub-surface. Mais ce n’est pas pour eux que je suis venu.
Le lendemain, nous partons enfin pêcher l’Arapaïma. Direction une lagune prometteuse… et là première déconvenue. Aucune activité. La lagune est bizarrement calme… trop calme. Nous avons l’impression de pêcher dans une bassine vide. Aucun remous, pas un souffle en surface pouvant espérer la présence du Pirarucu. Notre guide ne tarda pas à nous livrer l’explication la plus plausible : la lagune a certainement été braconnée récemment. L’Arapaïma, ce maître des lieux, n’était plus là.
L’Arapaïma est un poisson étrange. En saison de crue, il quitte la rivière pour s’enfoncer dans la jungle inondée. Mais quand les eaux se retirent, il reste piégé dans les lagunes, où il est facilement observable, remontant à la surface toutes les 20 à 30 minutes pour respirer.
Nous quittâmes la lagune déserte pour retourner sur le fleuve. Là, l’activité en surface battait son plein : des groupes d’Arawanas chassaient, brisant le miroir de l’eau en éclats d’argent. J’envoie mon leurre un Mousty blanc et jaune de 13 cm … après quelques animations, l’attaque fut instantanée. Les prises, les combats et les remises à l’eau s’enchainent à un rythme effréné.
Le Graal : L’Arapaïma
Toujours frustré de ces premiers jours, le lendemain, nous changeâmes de tactique et partîmes explorer des lagunes plus reculées. L’expédition fut une épreuve en soi et à chaque fois un périple infernal. La jungle nous opposa une résistance farouche : entre les berges à escalader, les arbres et autres lianes traîtresses à couper à la machette et la nécessité de porter notre matériel et les barques sur plusieurs centaines de mètres, chaque avancée se méritait.
Dans les lagunes pas de moteur. On rame en silence !
Enfin, nous repérâmes les marsouinages des Arapaïmas. La traque commença. Deux techniques existent pour capturer ces monstres : à l’appât (un poisson mort ou vivant)… ou au leurre. C’est cette dernière que nous avions choisie, et ce fut une épreuve d’endurance de persévérance et d’abnégation.
L’Arapaïma monte et respire en surface toutes les 20 à 30 minutes, laissant derrière lui un remous. Il faut anticiper son déplacement et jeter le leurre légèrement devant. Une pêche lente et pleine de patience. La touche est d’une brutalité inouïe. Le ferrage doit être puissant, à l’horizontale, avec quatre ou cinq coups secs pour bien ancrer les hameçons dans cette mâchoire aussi dure que du bois. Alors peut commencer le combat.
L’Arapaïma ne cherche pas à se réfugier dans les obstacles. Il plonge, il fonce au centre de la lagune, préférant les fosses profondes. Le poisson explose en chandelles à plusieurs reprises. Tout autour, les caïmans guettent, immobiles, comme s’ils attendaient l’issue du duel.
Les minutes s’égrènent dans une lutte acharnée. Puis vient l’instant crucial…Rien n’est gagné. Quand le poisson approche enfin, le guide bondit de la barque. Il saisit la ligne, tire, évite le dernier rush et le dernier coup de tête. La prudence est de mise : une tresse tendue peut trancher un bras aussi net qu’une lame de couteau.
Mon binôme en fit l’amère expérience. Dans l’excitation il relâche sa prise trop tôt. L’Arapaïma lui assène un violent coup de tête qui lui ouvre l‘arcade sourcilière. Pas d’hôpital dans la jungle et les premiers secours sont à plus de trente heures. Heureusement, j’avais ma trousse de secours, avec des points stériles et mon passé d’infirmier. Cinq points de suture plus tard, il a pu continuer le séjour avec nous.
Les jours suivants, nous alternâmes entre lagunes et rio.
Sur le matériel je retiendrai qu’il faut partir avec :
- Deux cannes de 100-300g de puissance, pour l’Arapaïma. la nouvelle Mitsio Travel 80 lb. par exemple.
- Deux cannes Trinis Explora 14/70g et 20/80g pour le Peacock Payara et autre Arawana….
- Tresses Sensibraid 8 brins PE 3, 4 et 6 avec bas de ligne fluoro carbone 90/100 et nœud FG pour la jonction.
- Pour les leurres, oublions les leurres souples souvent déchirés par les piranhas et autres.
- Les Baffeur jerk et S-Shiner sont excellents. Le Mousty, en leurre de surface est magique.
Attention sur les leurres articulés qui sont souvent mis à rude épreuve. N’oubliez pas de contrôler les anneaux brisés et les hameçons. Les triples sont souvent ouverts. Personnellement j’ai une préférence pour les hameçons simples qui offrent moins de prise et d’appui au poisson pour se décrocher.
J’ai eu la chance de pouvoir prendre ce poisson extraordinaire. L’Arapaïma est un poisson fascinant, puissant, imprévisible. Il n’est pas dangereux… mais sa capture l’est. Les coups de tête avec le leurre en bouche et les rushes sont tellement violant qu’il faut l’approcher avec beaucoup de précaution et d’anticipation. Ce fut une aventure hors du commun dans des conditions particulièrement difficiles. Une aventure Inoubliable dans tous les sens du terme.
Un poisson XXL… Une expérience XXL.
Eric ESPY
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