« Switch on the Pike » !
En mai, le début de la fonte des neiges en montagne a été l’occasion de briser notre routine post-ouverture de la truite.
Dans notre emploi du temps saisonnier, lorsque les salmonidés sont délaissés le temps d’une partie de pêche, le brochet attire souvent nos convoitises. Si les journées consacrées à ce poisson sont restées jusqu’à présent assez anecdotiques, leur fréquence pourrait augmenter très prochainement suite à l’acquisition d’une embarcation à coque en V cet hiver, ouvrant pas mal de perspectives en grands milieux.
La première rencontre avec Esox Lucius est survenue lors d’un bref coup du soir dans les Cévennes, à l’occasion d’un week-end de pêche dédié à la truite début mai. Les cours d’eau situés sur le bassin versant rhodanien de ce massif sont des biotopes atypiques. Leurs eaux limpides et vives s’écoulent sur un substrat granitique au niveau de leur cours supérieur et le régime méditerranéen qui les influence induit un réchauffement rapide, diversifiant par la même la population piscicole. Sur la rivière en question, la présence du brochet relève en réalité d’un artefact écologique, et fait suite à une lubie de gestionnaire (introduire ce poisson au milieu des blocs de granit et des longues sections courantes n’atteste sans doute pas vraiment d’une réflexion très poussée). Coup de chance : ce dernier a trouvé des conditions favorables à ses ébats sur un petit affluent anodin plus en conformité avec ses exigences écologiques, qui assure à lui seul l’intégralité du recrutement… incroyable ! Les nouvelles générations sont annuellement sauvées des assecs par des pêches de sauvetage organisées en début d’été : ce travail assidu de l’AAPPMA locale porte ses fruits puisque la population se maintient en place malgré une capacité d’accueil restreinte (les brochets se cantonnant au niveau des rares zones profondes et calmes du cours d’eau principal) et des prélèvements de pêcheurs exorbitants au vu des densités malgré tout modestes. Ce coup du soir annuel de 2 h rapporte généralement un unique poisson, de taille bien correcte pour la rivière cette fois-ci :
La deuxième sortie se déroula en compagnie de Coline et de Jordan Hernandez, membre de la team Berkley, qui m’a vendu son bateau durant l’hiver. En bon pêcheur rustique de salmonidés, le maniement de l’électronique présente quelques obscurités pour moi. J’avais donc sollicité Jordan pour une journée de familiarisation à la logistique que nécessite la traque des brocs en lac Alpin, ce qu’il avait très gentiment accepté.
Le premier jour, habituellement dédié à la recherche de la tenue des poissons et des techniques du moment, fut plutôt consacré à du bricolage suite à un problème de connectique (ce qui lui a donné l’occasion de montrer l’étendue de ses compétences) et le rapide coup du soir qui suivit ces déboires ne rapporta pas véritablement d’infos.
Le lendemain, au vu du nombre de bateaux sur l’eau, notre hôte choisit de passer en revue différents postes restreints sans s’attarder sur les vastes secteurs chronophages où se concentrent nos concurrents : cette tactique permet de rentrer quelques poissons corrects pour Coline au Slit Shad, imité au coup du soir par notre camarade, alors que je me contente de prendre des tofs :
Le dernier jour, le début de journée est ensoleillé et sans vent, l’ambiance est aussi calme sur la bateau que sous la surface et il faut attendre la fin de matinée pour que Jordan nous sorte de la torpeur avec un premier joli pike, suivi de deux autres plus petits (n’atteignant pas les critères de taille du specimen hunter qui l’habite, vous n’aurez pas droit qu’à la photo du premier) :
De notre côté, le compteur se débloque de belle manière en milieu d’après midi grâce à une sortie de poissons sous l’orage, toujours pour Coline au Slit Shad en cranking lent :
Un immense merci à Jordan pour cette découverte très enrichissante, aux antipodes des pêches qui nous sont familières d’un point de vue technique, mais qui présentent des aspects stratégiques et une approche finalement assez comparables… ce qui n’est pas pour nous déplaire !
A bientôt,
Simon SCODAVOLPE